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TPE 1L 2008
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19 novembre 2008

Extraits de Roméo et Juliette, passages clés : la première rencontre.


ROMÉO, à un valet, montrant Juliette. - Quelle est cette dame qui enrichit la main de ce cavalier, là-bas ?

LE VALET. - Je ne sais pas, monsieur.

ROMÉO. - Oh ! elle apprend aux flambeaux à illuminer ! Sa beauté est suspendue à la face de la nuit comme un riche joyau à l'oreille d'une Éthiopienne ! Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre! Telle la colombe de neige dans une troupe de corneilles, telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes. Cette danse finie, j'épierai la place où elle se tient, et je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne. Mon cœur a-t-il aimé jusqu'ici ? Non ; jurez-le, mes yeux ! Car jusqu'à ce soir, je n'avais pas vu la vraie beauté.

[...]

ROMÉO, prenant la main de Juliette. - Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

JULIETTE. - Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n'a fait preuve en ceci que d'une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; et cette étreinte est un pieux baiser.

ROMÉO. - Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?

JULIETTE. - Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière.

ROMÉO. - Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.

JULIETTE. - Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.

ROMÉO. - Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière. (Il l'embrasse sur la bouche.) Vos lèvres ont effacé le péché des miennes.

JULIETTE. - Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu'elles ont pris des vôtres.

ROMÉO. - Vous avez pris le péché de mes lèvres ? Ô reproche charmant ! Alors rendez-moi mon péché. (Il l'embrasse encore.)

JULIETTE. - Vous avez l'art des baisers.

LA NOURRICE, à Juliette. - Madame, votre mère voudrait vous dire un mot. (Juliette se dirige vers lady Capulet.)

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